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Jeudi 8 avril 2004

Qalqilya, Cisjordanie – Palestine

A Qalqilya, le mur isole les Palestiniens des Israéliens, c'est la raison avancée par Israël pour justifier sa construction : se protéger des éventuelles attaques palestiniennes. Mais si, sur un côté, le mur atteint ce but, sur les 3 autres, ce sont les Palestiniens entre eux qu'il sépare. Et là, il est difficile d'invoquer des raisons sécuritaires, les Palestiniens n'ayant aucun besoin de se protéger les uns des autres.

La raison la plus évidente est que l'isolement de cette ville de 43 000 habitants, si prospère autrefois, marché de fruits, légumes et fleurs en particulier où les paysans des villages alentour venaient vendre leurs produits aux deux communautés israéliennes et palestiniennes, est destiné à l'affamer et à la vider petit à petit de sa population.

Et le processus est en marche : le Maire, Maa'rouf Zahran, indique que 4 000 habitants ont déjà quitté Qalqilya depuis juin 2002, date de la fin de la construction du mur. 40 % des magasins et ateliers sont fermés, 65 % de la population est maintenant au chômage.

A l'extérieur de la ville, les paysans sont coupés de leurs champs et de leurs oliveraies, les troupeaux de leurs pâturages, les enfants de leurs écoles, les villages de leur centre vital.

Les portes de la "clôture" sont ouvertes par les soldats israéliens pendant 15 minutes trois fois par jour. Quelquefois, pour des raisons inconnues, elles restent fermées pendant plusieurs jours. Si les paysans sont dans leurs champs quand la décision est prise de ne pas ouvrir, ils ne peuvent pas rejoindre leurs maisons. Ils ont construit au milieu des vergers des abris de fortune où ils dorment en attendant de pouvoir rentrer chez eux.

Le mur prend aussi l'eau. Qalqilya est construite sur la plus grande nappe phréatique de la région. Elle représente 53 % des ressources palestiniennes en eau. Israël pompe 25 % de ses besoins dans ce bassin. Autant en moins pour les Palestiniens qui n'ont plus assez d'eau pour leurs besoins quotidiens et irriguer leurs cultures.

Le mur n'est pas construit sur la Ligne Verte. Il entre profondément dans les territoires palestiniens. Il isole et prend la terre et l'eau pour que prospèrent 54.000 colons israéliens repartis dans les deux colonies illégales de Alfe Menashe et Zufin, toutes deux en pleine expansion.

Les Palestiniens voient, impuissants et solitaires, leur territoire se réduire comme une peau de chagrin, leurs conditions de vie de plus en plus difficiles, leur avenir incertain, leur projet d'Etat souverain de plus en plus improbable.

Bambou.

Samedi 10 avril 2004

Camp de réfugiés de Balata, Naplouse, Cisjordanie-Palestine

Ce samedi 10 avril 2004, la population de Balata salue la mémoire de ses derniers martyrs, Ryad Abou Chellel, 20 ans, et Mohammad Zouheer Awaess, 22 ans, tués par l'armée israélienne il y a 40 jours.

Market Street se prépare. Une estrade au milieu de la rue, des chaises prises dans les cafés et les maisons. Beaucoup de drapeaux palestiniens et aussi ceux de l'Organisation des Jeunes du Fatah, composante de l'OLP de Yasser Arafat, ceux des Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa, des photos des "shahid", si nombreux et si jeunes. Les Palestiniens n'oublient pas.

300 personnes arrivent, s'installent, hommes et femmes, des enfants partout. Sur l'estrade, micros, tambours.

Pendant plus d'une heure, discours et chants se font écho, graves, véhéments, profondément émouvants.

Un groupe d'hommes armés tirent des coups de feu vers le ciel pendant que la foule entonne un dernier chant patriotique et frappe dans ses mains.

Malgré des conditions de vie épouvantables et une occupation impitoyable, Balata est debout.

Bambou.

Vendredi 2 avril 2004 BANDE DE GAZA : L'Office de secours des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA) a annoncé aujourd'hui qu'il suspendait son aide alimentaire dans la bande de Gaza à la suite des restrictions imposées par Israël sur la circulation des containers transportant les vivres. Les démarches effectuées auprès des autorités israélienne pour qu'elles lèvent les restrictions imposées au transports des containers vides en provenance de Gaza ayant échoué, l'UNRWA a annoncé jeudi qu'il était forcé de suspendre la livraison de 11 000 tonnes de nourriture en provenance du port d'Ashod pour éviter un engorgement qui se traduirait en coûts prohibitifs pour l'agence. Le Haut Commissaire de l'UNRWA, Peter Hansen, a indiqué que "la suspension de l'aide alimentaire d'urgence de l'UNRWA va affecter encore plus la vie de communautés qui ont déjà beaucoup de mal à faire face à une situation économique affligeante et à la malnutrition. Si les restrictions se poursuivent à Gaza, je crains que l'on n'assiste pour la première fois en deux générations à une réelle famine". La suspension de l'aide alimentaire de l'UNRWA à Gaza va affecter 600 000 personnes soit la moitié de ceux recevant une aide alimentaire de l'agence dans les territoires palestiniens occupés. En temps normal, ce sont 250 tonnes de nourriture qui sont livrés chaque jour au seul secteur de Gaza dans le cadre d'un programme lancé peu de temps après la seconde Intifada qui a démarré en septembre 2000. Alors que la crise entre dans son 42e mois, les stocks de riz, de farine, d'huile de cuisson et d'autres produits de base à Gaza sont complètement épuisés. "Entraver l'aide d'urgence de l'ONU ne règlera en rien les préoccupations légitimes et sérieuses d'Israël en matière de sécurité", a fait observer Peter Hansen. Le communiqué de l'UNRWA souligne que ses difficultés chroniques sont partagées par toutes les agences de l'ONU opérant en Cisjordanie et à Gaza qui, dans un communiqué publié le 26 mars, ont demandé sans succès au Gouvernement d'Israël d'assouplir les restrictions concernant Gaza.