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Offre n° 1
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De notre
correspondant Raymond
ARDISSON
Morts
sur ordonnances - Les
mesures d’hygiène
raciale nazie - 19
décembre 2007
- C’est
bien avant 1933 et
l’arrivée
d’Hitler au pouvoir
que l’eugénisme -
la science des bonnes
naissances du grec
"eugénés"
bien né –
s’élabore en 1883
suite aux travaux de
Frédéric Galton, cousin
de Darwin.
L’eugénisme
c’est
l’application
scientifique du
darwinisme et de la
génétique à la
société humaine. Elle
se présente et se
développe sous deux
formes opposées,
l’une négative,
visant à entraver la
prolifération des
inaptes. Déficients
mentaux et
physiologiques.
L’autre positive,
qui entend favoriser la
reproduction des aptes
jugés génétiquement
conforme. Deux formes
opposées mais qui se
rejoignent dans un même
projet de biologie
politique avec pour seul
but l’amélioration
du troupeau humain que
l’on va soumettre à
une sélection
artificielle basée sur
des critères,
considérés alors comme
scientifique, sur la
qualité des gênes.
L’eugénisme et son
tragique corollaire,
l’euthanasie, sont
les projets froidement
rationnels issues
d’une méthode
biologique appliquée à
la résolution des
problèmes sociaux et
politiques interprétés
comme des symptômes
d’une degenerescence
raciale.
La pauvreté, le crime,
la maladie, la déviance
sexuelle, doivent faire
l’objet du
traitement médical le
plus approprié.
Aux Etats-Unis dès 1907
et en Europe à partir de
1928 ces législations
donnent lieu à de
nombreuses mesures
médicales jugées
appropriées.
Internements,
stérilisations,
castrations, vortements.
Et les premières
euthanasies pratiquées
dans la plus grande
discrétion.
Cinq mois après
l’arrivée
d’Hitler au pouvoir
la première loi du
nouveau régime donne
bien sans détour
l’importance de la
médecine dans ce
système politique et
idéologique. Elle se
présente sous la forme
d’une véritable
ordonnance médicale :
La loi sur la prévention
des descendances
atteintes de maladies
héréditaires. Loi
votée tout à fait
légalement par le
parlement d’un
régime arrivé au
pouvoir par des
élections tout aussi
légales. Elle sera
appliquée à partir du
1er janvier 1934, le
temps nécessaire à la
constitution à travers
l’Allemagne de 1700
tribunaux "de santé
héréditaire"
Tribunaux constitués de
médecins spécialistes
en differentes
disciplines, rejoints par
des juristes et des
avocats.
Cette logique
purificatrice, ce magma
de théories, la plupart
d’origine
anglo-saxonne vise à
détruire la capacité de
reproduction d’une
personne jugée
juridiquement et
génétiquement
inférieure, et prévenir
ainsi une descendance
dégénérée et stopper
une infection qui menace
la pureté du sang aryen,
donnant ainsi bonne
conscience aux médecins
qui ne stérilise pas un
individu mais soigne le
peuple allemand.
L’application de
cette loi fait qu’en
en 1938 400 000 personnes
ont été stérilisées
dont les 150 000 enfants
des institutions pour
aveugles ou sourds du
territoire du reich.
Vasectomie pour les
hommes ablation de
l’utérus pour les
femmes. Bien que
réalisée sous
anesthésie par des
chirurgiens compétents
la violence chirurgicale
de la castration
compromet d’une
manière irréversible
l’intégrité
physique d’une
personne. Les séquelles
psychologiques et
organiques sont
considérables.
C’est en octobre
1939 que l’on passe
de la stérilisation à
l’élimination par
l’euthanasie. En
premier lieu les malades
mentaux. Dés 1920 un
juriste Karl Binding et
un psychologue Alfred
Hoche publient un ouvrage
dans lequel on peut lire
qu’il existe des
individus qui sont sans
aucune valeur pour la
société.
Cette importante
opération aux multiples
ramifications, on va
s’efforcer, sans
vraiment y arriver, de la
garder secrète.
Baptisée opération T 4
elle est répartie entre
trois entités
séparées. Un groupe de
travail sur les
sanatoriums et nurseries
avec pour objectifs le
recensement des individus
à éliminer. Une
société privée pour le
transport des patients
vers les instituts
qu’il faut bien
appeler de mise à morts,
quel que soit le moyen
employé, piqûre ou gaz.
Et un troisième,
responsable de la
construction de ces
instituts, de leur
fonctionnement, et des
structures pour
l’élimination des
corps. Un sous organisme
est lui chargé des
questions de succession
des défunts, des
assurances, du sort
d’éventuels
orphelins et autres.
Ce qui se présente au
début comme une mesure
charitable auprès de
ceux qui souffrent et
sont incurables va vite
s’orienter vers
l’élimination des
vieillards séniles, des
impotents, alcooliques,
grabataires, indigents,
asociaux, vagabonds,
prostituées.
Voulues secrètes ces
opérations qui voient
quantités de cars aux
fenêtres obturées
sillonner les routes
d’Allemagne
emportant leurs passagers
vers les centres de
"traitement
spécial" terme que
l’on retrouvera par
la suite aussi pour
l’élimination
physique des juifs,
propage vite des rumeurs
dans l’opinion
publique.
Les militaires
s’interrogent. Que
deviendront-ils
s’ils reviennent du
front grièvement
blessés ? En 1940 et
1941 des protestations
publiques
s’élèvent aussi de
la part des autorités
religieuses. Il est
généralement admis que
sous la pression de
l’opinion le
programme
d’euthanasie
s’est arrêté en
août 1941, mais suite à
de récentes recherches
il semble qu’à
cette date le programme
prévu était terminé,
ayant abouti à
l’élimination
physique d’environ
300 000 personnes dont
170 000 enfants.
Le programme
d’euthanasie a tenu
lieu d’école
d’entraînement pour
la destruction
industrielle des juifs et
des tziganes qui va
commencer peu après, en
formant de véritables
spécialistes tel Franz
Stangl un policier
autrichien qui après
l’annexion de
l’Autriche dans le
Reich en mars 1938 sera
nommé inspecteur
principal des structures
de stérilisation et
d’euthanasie. On le
retrouve à partir de
1942 successivement
commandant des camps
d’extermination de
Sobibor et de Treblinka.
Raymond Ardisson
Sources :
Au fond des ténèbres -
Gitta Sereny (Denoël)
La médecine nazie et ses
victimes - Klee Ernest
(Actes sud)
La destruction des juifs
d’Europe – Raul
Hilberg (Fayard)
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