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De notre correspondant en République Démocratique du Congo (RDC), Richard KABAMBA

 


Une patate chaude dans les mains - 31 juillet 2008



Ces derniers jours, Kinshasa capitale de la RDC est en ébullition ainsi que plusieurs autres villes du pays. A la base: l’insécurité toujours grandissante et des détournements de deniers publics ainsi que des spoliations du patrimoine de l’Etat.

Vous n’avez qu’à lire la presse locale pour voir quoi occupent les manchettes des journaux. Tous les titres ou presque tournent autour de l’assassinat du député provincial Daniel Botethi et du détournement de 1,3 milliard de dollars dans les régies financières et entreprises publiques du pays.

Affaire Daniel Botethi

Il fut député provincial élu de la Ville - Province de Kinshasa, 1er Vice - Président de l’Assemblée provinciale de la capitale et membre du Mouvement pour la Libération du Congo (MLC), principal parti d’opposition en RDC. Il fut assassiné très tard dans la nuit du samedi 05 à dimanche 06 juillet 2008 par des militaires appartenant à la fameuse garde républicaine de Joseph Kabila.

De l’aveu d’un des présumés assassins Patrick Lwewa, soldat de 2ème classe, membre de la Garde Républicaine, 1.200$US (760 Euros) lui avaient été versés comme prime par trois personnes se faisant passer pour des proches de M. André Kimbuta, actuel Gouverneur de la Ville - Province de Kinshasa, membre du Parti du Peuple pour la Reconstruction (PPRD) de Joseph Kabila et allié à l’Alliance pour la Majorité Présidentielle (AMP).

C’est ici où les choses prennent une tournure inattendue. Du banditisme simple, on se trouve devant le banditisme d’Etat car, celui qui, constitutionnellement, a la charge de protéger les personnes et leurs biens, est cité comme commanditaire de ce coup ignoble ayant donné la mort à un haut responsable de sa juridiction, en la personne du Premier Vice - Président de l’Assemblée provinciale, institution qui, en ordre de préséance, vient immédiatement après l’Exécutif provincial que dirige le Gouverneur André Kimbuta cité dans cet odieux assassinat.

Quoi peut encore démentir l’insécurité que l’ont vit tous les jours au pays de Lumumba sous le régime Kabila? Rien à notre avis car, le cas Botethi n’est qu’une goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les menus fretins sont frappés par la mort chaque jour dans plusieurs villes de la RD. Congo sans que le pouvoir en place ne s’en émeuve.

Quelques jours après l’assassinat de Botethi, l’artiste comédien Mbonge a été abattu à son tour de la même manière et le cas est resté comme un fait divers. A la même période et à Kinshasa toujours, on a retrouvé le corps de M. Prosper Kassoto, Conseiller en charge des Mines du Premier Ministre Antoine Gizenga, mort sur la rue après deux jours d’enlèvement on ne sait par qui. Le mardi dernier, le président d’un parti de l’opposition en République démocratique du Congo, Gabriel Mokia Mandembo, a été enlevé vers 10h30 à son domicile, dans la commune de la Gombe, dans le centre de Kinshasa, a annoncé la radio onusienne Okapi, citant son épouse, Astrid Mokia. D’après son épouse, une vingtaine d’hommes armés se disant de la police ont fait irruption dans la parcelle de M. Mokia en escaladant les murs et ont dû forcer la porte de la chambre d’où ils ont extrait le président du MDCO pour l’emmener vers une destination jusqu’alors inconnue. Que dire des actes posés par les fameux «KOLUNA» dit hommes forts qui terrorisent chaque jour Kinshasa la capitale au vu et au su de tout le monde ?

Insécurité, toujours insécurité

Il est curieux de constater que seules les sources indépendantes parlent de l’insécurité dans les deux Kivu. Pour le pouvoir, tout va bien depuis l’organisation de la fameuse conférence sur la paix et le développement au Nord et au Sud-Kivu. Et pourtant cette conférence qui avait coûté des sacrifices énormes au peuple congolais, n’a jusque là accouché qu’une souris. Tout le monde constate que, plus de six mois après, le Kivu est loin de reprendre la vie normale tant toutes les parties signataires de l’accord de paix de Goma sont loin de respecter leurs engagements signés en janvier 2008. La MONUC et la Société Civile de la place signalent chaque jour les affrontements entre belligérants, les déplacements des populations et les actes de violence et de viols envers les femmes dans cette partie de la RDC toujours incontrôlable par le pouvoir de Kinshasa.

Sur ce chapitre d’insécurité toujours, il y a beaucoup à dire tant les rapports qui viennent de Tshikapa et Kananga au Kasaï Occidental, Muena-Ditu et Mbuji-Mayi au Kasaï Oriental, Bunia et Isiro dans la Province Orientale, Boma et Luozi dans le Bas-Congo, Dilolo et Mutshiatshia au Katanga, il y a lieu de crier haro sur le pouvoir de Kinshasa qui se montre indifférent aux misères de ses compatriotes qui meurent dans diverses circonstances relevant de l’insécurité.

S’il faut ajouter à cette liste les cas des Congolais refoulés par les pays voisins comme l’Angola, la Zambie et la Tanzanie, vous vous étonnerez de l’indifférence qu’affiche le pouvoir de Kinshasa envers les compatriotes qui vivent dans des conditions inhumaines aux frontières des provinces de Katanga, Bandundu et Kasaï Occidental. Kinshasa est incapable, non seulement d’assister ses ressortissants refoulés, mais encore plus, de faire une protestation par voie diplomatique en faveur de ses compatriotes à qui on arrache tout avant d’être refoulés et pire, on viole les femmes et jeunes filles parfois mineurs. Les divers rapports des organisations humanitaires sont sans ambiguïté là dessus.

Nous citons ici le journal «L’Observateur», quotidien pro-pouvoir paraissant à Kinshasa qui, dans sa livraison N°2928 du vendredi 25 au dimanche 27 juillet 2008 écrit: «A Kamako, localité frontalière d’Angola, dans le territoire de Tshikapa, à 400 km de la ville de Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï Occidental, la MONUC, l’UNICEF et le Ministère de la Santé Publique, reconnaissent que les conditions de vie des refoulés sont très déplorables et si le gouvernement et ses partenaires n’interviennent pas, la situation risque de s’empirer car, ces expulsés sont abandonnés à leur triste sort. Ils ne bénéficient d’aucun soutient permanent, en dehors des dons sporadiques apportés par les visiteurs ou hommes de bonne volonté». Le journal termine par dire: «Ce n’est pas la première fois que nous déplorons les conditions infra humaines dans lesquelles vivent les Congolais chassés de l’Angola. L’année dernière, il y a eu la même vague d’expulsions, dans les mêmes conditions. C’est quand on avait dépassé le cap de dix morts par semaine que le gouvernement s’était enfin levé pour dénoncer ces atrocités» fin de citation.

Quid du slogan «Bonne gouvernance»

Depuis l’avènement du régime Kabila, l’élu de 2006, la bonne gouvernance est devenue un slogan de propagande politique alors qu’en réalité, elle ne représente rien. Pour preuve, on dénombre des cas de détournements de l’argent destiné à la paie des fonctionnaires et agents de l’Etat à travers tout le pays comme le dénonce l’Agence Congolaise de Presse (ACP) agence officielle dans son édition N°1640 du 24.08.08, la disparition du comptable public de dépenses de la Santé Publique au Kasaï Occidental, avec l’équivalent de 5 millions de dollars représentant les salaires des fonctionnaires des agents et fonctionnaires des villes de Kananga et Tshikapa.

Deux jours plus tôt, le Ministre congolais Près le Premier Ministre, Godefroid Mayobo, a rendu public le rapport de la Commission interministérielle d’audit et de bonne gouvernance (CIABG). Celui-ci fait état d’un détournement de 1,3 milliard de dollars américains dans trois principales régies financières du pays (DGI, DGRAD et OFIDA) et dans six entreprises publiques (ONATRA, OCC, REGIDESO, SNEL, SONAS et RVA).

Pour les Congolais, ce n’est pas une première fois qu’on dénonce les détournements des deniers publics en RDC. Mais jamais les auteurs n’ont été sanctionnés conformément aux lois du pays. Comme pour dire: vive l’impunité. Et pour cette fois-ci, tout le monde veut que l’on sorte des sentiers battus pour sévir les coupables afin d’arrêter l’hémorragie pour l’avenir.

Rappelons que la CIABG est l’une de deux principales commissions mises en place par le gouvernement congolais pour combattre la corruption, le détournement des deniers publics et la mauvaise gouvernance. La seconde commission CRITE s’occupe elle de la spoliation des immeubles et terrains de l’Etat. Elle est déjà à pied d’œuvre avec quelques 47 dossiers en instance d’être présentés au Conseil des ministres apprend-on des bonnes sources.

Voilà autant des problèmes qui préoccupent les Congolais et auxquels le pouvoir de Kinshasa doit absolument faire face d’une manière responsable afin de se crédibiliser faute de quoi, ça sera le requiem et en 2011, Kabila et sa famille politique n’auront pas de discours à tenir devant le peuple aux prochaines échéances électorales.

Somme toute et on est tenté de le croire, le pouvoir kabiliste se trouve dans des mauvais draps au regard de la situation inconfortable que traverse le pays aujourd’hui et dont il est incapable de maîtriser malgré lui.

Qui vivra verra.



Richard KABAMBA




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