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Dîner du CRIF du 28 novembre 2002
28/11/02

Discours de Maître Alain Jakubowicz, Président du CRIF Rhône-Alpes


Monsieur Nicolas SARKOZY, Ministre de Intérieur, invité d'honneur.

Merci Monsieur le Ministre d'avoir accepté d'honorer notre dîner de votre présence.

Nous en sommes heureux. Nous en sommes fiers. Nous connaissons l'amitié sincère qui vous lie à la communauté juive de France depuis votre entrée en politique. Nous connaissons vos prises de position, votre talent oratoire et votre liberté de ton. Nous sommes persuadés que vous en userez lorsque vous vous adresserez à nous tout à l'heure.

Permettez-moi d'user de la même liberté en m'adressant à vous. N'y voyez rien d'autre que le souci de me faire le porte-parole le plus fidèle possible de l'état d'esprit dans lequel se trouve le plus grand nombre des juifs de France, dans les épreuves qui leur sont imposées depuis de nombreux mois par des évènements qui les dépassent.

Le hasard a voulu que, pour la première fois, nous le fassions ici, à Lyon, en région Rhône-Alpes, avant que notre Président national, Roger Cukierman, le fasse à Paris en présence de Monsieur le Premier Ministre.

Le hasard fait parfois bien les choses.

Il n'est en effet pas indifférent que la parole vienne parfois d'en bas, de ces régions qui ont le sentiment de n'être pas toujours entendues dans les sphères de la capitale, et plus particulièrement de notre région et de notre ville, qui ont toujours été à la pointe de la réflexion et de l'action sur les sujets dont nous allons parler ce soir.

Il n'est pas non plus indifférent que nous le fassions devant un tel parterre d'élus, de hauts représentants de l'Etat, des Corps constitués, du monde associatif, et des cultes.

Qu'il me soit permis à cet égard, tout en saluant fraternellement Monseigneur Barbarin, nouvel Archevêque de Lyon, auquel nous souhaitons la bienvenue, d'évoquer la mémoire de Monseigneur Billé qui, malgré le mal qui le rongeait déjà, avait tenu, l'an dernier, à honorer notre soirée de sa présence.

Qu'il me soit également permis de vous dire combien nous sommes heureux d'accueillir à nouveau parmi nous, aux côtés du Grand Rabbin Wertenschlag, les représentants de la grande mosquée de Lyon, en la personne du capitaine Khelif et de Monsieur Kamel Kabtane.



***


La meilleure façon de parler vrai est de parler simple.

En bon juriste, formé à l'Université Lyon III, dont je salue le nouveau Président Monsieur Lavorel, je le ferai en deux parties : les juifs de France et la France. Puis, puisqu'on se dit tout, les juifs de France et Israël.


***


Est-il besoin, Monsieur le Ministre, Mesdames, Messieurs, de vous dire les épreuves qui ont été imposées aux juifs de France depuis plus de deux années.

Nous avons vécu, au début de l'année 2002, ce que nos parents et grands-parents avaient espéré nous épargner à tout jamais en venant, pour beaucoup d'entre eux, se réfugier en France, fuyant l'Allemagne nazie. Des synagogues brûlées, des livres saints réduits en cendres…

Comment vous décrire, ce que même les moins croyants d'entre nous, ont ressenti…

Nous avons, en ces moments d'épouvante, attendu un réel sursaut d'indignation de la communauté nationale, comme nous l'avions connu en 1990, au lendemain de la profanation du cimetière de Carpentras. Mais ce sursaut n'est pas venu. Alors les juifs de France se sont sentis salis, lâchés, exclus de fait de la communauté nationale, victimes d'une sorte de dénationalisation, ravalés à leur seule condition de juifs… oui, Monsieur le Ministre, pourquoi ne pas vous le dire, bon nombre d'entre nous, nés en France, ayant grandi en France, ayant fait leurs études en France, se sont demandés si leur place était encore dans Notre Pays.

On nous dit que les actes antisémites ont diminué au cours de ces derniers mois. C'est du moins ce qu'affirment les statistiques officielles, qui ne comptabilisent que les plaintes déposées…

La réalité quotidienne est hélas beaucoup moins optimiste.

Certes, nous n'avons plus eu à connaître l'ignominie de nouvelles synagogues incendiées. Mais les actes les plus spectaculaires et dont on parle le plus, ne seront pas nécessairement les plus douloureux.

Les actes individuels, dont personne ne parle, sont souvent beaucoup plus dévastateurs pour les laissés pour compte des statistiques de l'antisémitisme, particulièrement dans les périphéries de nos villes.

C'est de ces coreligionnaires là dont je veux vous parler ce soir.

Ceux qui ne fréquentent pas les dîners du CRIF. Qui n'habitent ni à Neuilly, ni dans le 6e arrondissement de Lyon. Qui ne sont ni Journalistes, ni Médecins, ni Avocats… Bref de ces juifs les plus modestes et les plus nombreux, dont la vie quotidienne est souvent devenue un enfer.

Il y a quelques jours, je recevais à mon Cabinet un appel désespéré d'une mère de famille, habitant avec son mari et ses trois enfants dans ce qu'il est pudiquement convenu d'appeler un "quartier chaud" de Villeurbanne.

Encerclée par une population hostile, cette famille vit effectivement un enfer : crachats, boîte à lettres arrachée, porte palière taguée de croix gammées, injures et menaces, sont le lot quotidien des parents comme des enfants. Le plus jeune, âgé de 7 ans, ne veut plus aller à l'école où il n'est plus appelé que "le juif" pour tout prénom. Quel bel exemple de l'école de la République…

L'appel de cette femme était l'appel du désespoir. Elle craint aujourd'hui autant pour sa famille, que les réactions de son mari qui tente à grand peine de se contrôler… jusqu'à quand?

J'ai demandé au Directeur du CRIF Rhône-Alpes, Johanne Gurfinkiel, dont je tiens à saluer le dévouement au service de notre communauté, de vérifier la véracité des faits et de s'inquiéter des moyens propres à y remédier.

Il a reçu le meilleur accueil des fonctionnaires du commissariat de Police de Villeurbanne, qui lui ont dit être informés du cas de cette famille, ont confirmé le calvaire qui est le leur, avouant leur impuissance et concédant que la seule solution consiste à la reloger.

Le cas de cette famille n'est pas recensé dans vos statistiques Monsieur le Ministre. Pas plus que celui de tant d'autres, que nous ignorons souvent nous-mêmes, et qui se résignent à quitter les cités qu'elles habitaient souvent depuis des décennies, ne supportant plus de vivre la peur chevillée au ventre, craignant d'être caillassées en sortant de la synagogue le vendredi soir, ayant honte d'avoir à demander à leurs enfants de dissimuler la petite étoile de David qu'ils portent autour du cou ou d'enlever leur kippa quand ils prennent les transports en commun.

C'est, Monsieur le Ministre, la triste réalité.

Cette réalité est aussi et surtout celle que vivent nos enfants dans les lieux mêmes où ils devraient en être protégés : les écoles de la République.

Dans un ouvrage intitulé "les territoires perdus de la République" publié aux éditions des Mille et Une Nuits, des Professeurs de collèges et de lycées, racontent, de façon directe, la réalité quotidienne de l'antisémitisme en milieu scolaire. 238 pages de scènes vécues, de stupeur, de révolte et de terreur.

Morceaux choisis.

Un groupe de Professeurs du lycée Bergson à Paris témoignent : "Deux jeunes filles ont vu le visage monstrueux de l'antisémitisme. Dans la cour, au moment de la cantine, elles ont été entourées par une quinzaine de jeunes élèves qui leur ont lancé des insultes aux visages : "Sales juives", "Tu pues le juif", "T'es une pute, en plus t'es juive ! », « Vous les juifs avec votre mur à la con !". Les élèves riaient à chaque insulte. Mais les humiliations ne furent pas seulement verbales. Les jeunes filles ont reçu des pommes et du fromage aux visages. Leurs vêtements ont été salis. "Les juifs ne se lavent pas", a lancé un des élèves. Leurs tortionnaires leur ont ensuite tiré les cheveux à plusieurs reprises. On leur a ordonné de se mettre à genoux pour demander pardon d'être juives. Des élèves ont ensuite méticuleusement fouillé leurs affaires personnelles, sans rien voler. Le but du jeu : humilier. Les jeunes filles tremblaient de peur, mais ne se sont pas mises à genoux. Elles ont reçu des claques. Elles ont été menacées de représailles au cas où elles parleraient. Leur calvaire a duré 40 minutes… »

Cette scène s'est passée en 2002 en plein cœur de Paris.

Il ne s'agit pas d'un cas unique ; de telles scènes se déroulent de partout en France.

A Agen, une surveillante de collège a été "repérée comme juive" par quelques élèves, après qu'une étoile de David en pendentif soit sortie de son pull, alors qu'elle se penchait en avant. La nouvelle n'a fait qu'un tour : "La surveillante est juive !". C'est l'hallali. Deux heures plus tard, un groupe d'élèves, âgés de onze à seize ans, entourent la surveillante et hurlent dans la cour du collège : "Youpine ! Tueuse de palestiniens : On va te faire la peau !". La surveillance s'enfuit, terrorisée".

A Grenoble, un élève de troisième refuse de se rendre chez le Principal adjoint en déclarant : "Il n'est pas question que j'aille chez ce juif".

A Epinay sur Seine, un professeur de collège est traité de "salope et de sale juive".

A l'Université Paris VIII, des étudiants refusent que leurs copies soient "corrigées par une juive".

A Marseille, ces inscriptions sur les murs d'un collège : "L'holocauste est un mensonge de l'histoire. Papon rempart contre l'islam. Papon victime du lobby juif. Libérez Papon".

A Drancy, ces autres inscriptions : "Nique les juifs" ;"Baise le juif".

A Villepinte : "Mort aux juifs…"

Dans certaines classes, le seul fait d'évoquer la Shoah provoque un brouhaha total. Le cours sur l'affaire Dreyfus est souvent impossible à mener. L'histoire des religions donne lieu à chahut, tapage, contestation, propos négationnistes, avec en toile de fond un antisémitisme déclaré.

A Grenoble, l'étude de "Si c'est un homme" de Primo Lévi est refusée par un groupe d'élèves : « on aime pas, c'est l'histoire des juifs".

Toujours à Grenoble, cet autre professeur d'histoire raconte qu'alors qu'il traitait de la Seconde Guerre Mondiale, il a entendu un élève lancer : "On aime bien l'histoire en ce moment parce qu'on fait Hitler et qu'il en met plein la tête aux juifs. Alors, on aime bien". Un lourd silence s'installe, raconte le professeur qui, un instant, croit avoir mal entendu, quand un second élève lance à la cantonade : "A mort les juifs !".

La liste est longue, répétitive, monotone, effroyable.

Il ne s'agit pas, Monsieur le Ministre, Mesdames, Messieurs, de simples "dérapages conjoncturels", pas davantage d'incivilités ou de je ne sais quelle poussée d'acné adolescente venue de "jeunes en difficulté". Il faut appeler un chat un chat. Ces agissements, ces actes, ces propos, ces provocations, ne sont rien d'autre que de l'antisémitisme.

On pourra gloser des heures sur l'origine de cet antisémitisme d'un genre nouveau, organiser des colloques sur l'évolution de l'anti-judaïsme à l'antisémitisme en passant par l'anti-sionisme, épiloguer sur les nuances : il restera que s'attaquer aux juifs parce qu'ils sont juifs, n'est rien d'autre que de l'antisémitisme. Et qu'on le veuille ou non, l'antisémitisme sévit en France.

Plutôt que de reconnaître cette triste réalité, nos gouvernants, de droite comme de gauche, ont commencé par se tromper de débat en défendant la France contre une accusation qui, ici du moins, ne lui a jamais été fait : que des actes antisémites soient commis en France, ne fait pas de la France un pays antisémite. Un pays antisémite est un pays où l'antisémitisme constitue une force politique et morale significative ; c'était le cas de la France de la IIIe République, celle de Barrès, de Maurras et de l'affaire Dreyfus. Pas de la Ve République.

Le CRIF a été le premier à le rappeler à ceux qui, à des milliers de kilomètres, ont cru pouvoir porter des accusations aussi irresponsables qu'injustifiées. Non la France de Jacques Chirac n'est pas l'Allemagne de Hindenburg et de Hitler et la violence dans les banlieues n'a rien à voir avec la nuit de cristal.

Pour autant, disons-le tout aussi clairement, nos hommes politiques, à quelques rares exceptions près, n'ont pas apprécié la profondeur, la gravité et la spécificité du mal, nous reprochant même parfois d'exagérer…

Il est vrai que cette polémique est née au pire moment qui soit dans une démocratie : celui qui précède d'importantes échéances électorales.

Le CRIF n'a pourtant pas cesser d'alerter les équipes des deux principaux candidats à l'élection présidentielle contre les risques de réaction des juifs de France qui se sentaient trahis, rejetés, sacrifiés sur l'autel des stratégies électorales.

Plutôt que d'être clairs, trop nombreux sont nos dirigeants politiques qui ont cherché à colmater les brèches. On a certes dénoncé les faits, mais on a pris soin de ne pas en désigner les auteurs… Un coup pour les juifs, un coup pour les arabes… sur fond de crise au Moyen Orient.

Ce n'est pourtant pas faire injure à la communauté arabo-musulmane que de dire que les auteurs de ces actes antisémites sont, le plus souvent, issus de ses membres.

Les sophismes du genre "nous sommes tous des sémites donc nous ne saurions être antisémites" n'impressionnent plus que les ignares et les simples d'esprit. L'antisémitisme n'est pas la haine de je ne sais quel "sémite" ; c'est la haine des juifs. ! Et c'est bien de cela qu'il s'agit !

S'il est vrai que l'antisémitisme racial, d'origine européenne, est en perte de vitesse en Occident, il est tout aussi vrai qu'il connaît une nouvelle genèse dans le monde arabe, comme en témoigne ce feuilleton égyptien réhabilitant le "Protocole des Sages de Sion" et avec lui le mythe du "complot juif".

Cela ne fait bien sûr pas de la communauté arabo-musulmane l'ennemi des juifs de France. Sur ce sujet, comme sur tout autre, gardons-nous des amalgames. Nous en sommes nous-mêmes trop souvent victimes pour ne pas en connaître les dangers. La communauté arabo-musulmane n'est pas plus monolithique que la nôtre et sans doute bien moins encore.

Monsieur Dalil Boubakeur, Recteur de la grande mosquée de Paris ne s'y est pas trompé en stigmatisant récemment "l'islam des excités".

Ces excités ne sont pas plus représentatifs de l'islam que l'assassin de Yitzhak Rabin l'est du judaïsme…

Au demeurant, ces jeunes de banlieues, dont le désœuvrement, le désarroi et le manque de perspective d'intégration sont soigneusement instrumentalisés ne sont pas les seuls responsables. La vérité commande de dénoncer également, et peut être surtout, ces pseudo-progressistes de tout poil qui les accompagnent et souvent les précédents, dont l'anti-sionisme rabique justifie les pires exactions.


***


Il est temps de dire les choses… avant qu'il ne soit trop tard. Refuser de voir et de nommer un péril ne l'a jamais fait reculer. Il l'a seulement exacerbé.

Le refus d'affronter le danger mine la République. Car derrière l'antisémitisme, c'est la démocratie qui est visée.

Minimiser les actes antisémites par crainte de les voir se développer donne à ceux qui les commettent un sentiment d'impunité.

De fait, les auteurs de ces actes ne sont que très rarement identifiés et jugés.

On en perçoit pas suffisamment l'importance et la gravité.

Ainsi et à titre d'exemples :

- Un automobiliste vociférant "sales juifs" au sortir d'un office de la grande synagogue du Quai Tilsitt, s'est vu orienter vers la maison de justice pour un simple rappel à loi ; il ne s'est pas présenté à ce rendez-vous. Il a fallu toute l'insistance du Consistoire pour que l'affaire soit renvoyée en Correctionnelle.

- Un individu porteur d'une arme qui s'est avérée factice, interpellé à l'entrée d'une synagogue de l'agglomération Lyonnaise, a été renvoyé dans ses pénates sans autre forme de procès…

- Aucune information judiciaire n'a, à notre connaissance, été ouverte, à la suite des alertes à la bombe qui ont contraint, ces dernières semaines d'évacuer deux écoles juives pendant plusieurs heures. Cela n'est pas anodin. Qui peut imaginer le traumatisme de jeunes enfants sortis de leur classe, pour rechercher une bombe…

Les affaires à caractère raciste et antisémite méritent, dans notre pays, un autre traitement.

On considère en effet trop souvent dans nos commissariats et nos Parquets qu'un vol de voiture est plus grave qu'une injure raciste. C'est de toute évidence une erreur : le trouble à l'ordre social est d'une autre importance.

Puisqu'on en est aux réformes, n'est-il pas temps de prévoir enfin une simplification des procédures et une aggravation des sanctions pour ce type de délit ?

Il n'est plus admissible que les racistes, antisémites et autres négationnistes continuent à bénéficier du statut protecteur que leur confère la loi sur la presse.

Alors qu'ils sont passés aux nouvelles technologies et à Internet pour véhiculer les idées les plus effroyables, notre arsenal répressif relève toujours de la loi du 29 juillet 1881, tout juste complétée en 1972 !

Qu'attendons-nous, Monsieur le Ministre, pour nous doter enfin d'une loi permettant de réprimer à la mesure du trouble à l'ordre social, les sites Internet néo-nazis ou prônant un islamisme radical ?

La violence de ces sites est inouïe.

Ainsi, ce site spécialement destiné à la jeunesse, où le joueur est invité à choisir un personnage qui déambule dans les rues de Tel-Aviv et que l'internaute doit faire exploser au milieu des civils. Les enfants touchés comptent double.

Ou cet autre, autrichien, dans lequel l'internaute doit gazer le maximum de juifs en un minimum de temps. Ou encore ce troisième, où les cibles sont des photographies de noirs ou de juifs : l'internaute choisit ses cibles, vise et tue. Bonus pour un juif tué.

Dans cette jungle de l'Internet, les sites islamistes faisant l'apologie du terrorisme se taillent la part du lion. Une sorte d'autisme tente curieusement d'en minimiser la portée.

Pourtant, une simple connexion et une traduction adéquate permettent de mesurer dans toute son horreur la dose de fanatisme, d'endoctrinement et de haine qui caractérise les organisations radicales fondamentalistes.

La législation doit impérativement, Monsieur le Ministre, réprimer à la mesure de leur dangerosité ces "cyber racistes et terroristes".

La réglementation doit également contraindre les hébergeurs à "balayer" ces sites et les fournisseurs d'accès à en filtrer l'accès, même lorsqu'ils sont à l'étranger.

Il nous faut, sur ce point également, exiger la tolérance zéro.


***


Même si le sujet est délicat et peut être précisément parce qu'il est délicat, il ne peut y avoir d'expression publique de la communauté juive sans qu'il soit question d'Israël.

Ce sujet fâche : alors parlons-en.

Et je voudrais commencer à le faire en évoquant deux anecdotes

Au plus fort des évènements de la seconde Intifada, j'ai tenu à rencontrer les représentants des associations de jeunes de banlieues.

C'est sans doute ce qui a donné l'idée aux responsables d'une radio périphérique musulmane de m'inviter à leur antenne pour une émission qui a duré deux heures.

Je dois à la vérité de dire que j'ai été merveilleusement accueilli tant par la direction de la radio, que par la journaliste, jeune femme aussi directe que "libérée".

L'une de ses questions m'a cependant profondément troublé.

C'est ainsi que, d'un ton grave, elle m'a demandé si je n'éprouvais rien à la vision d'un jeune enfant palestinien tué par des soldats israéliens.

Interloqué, je m'indignais de cette question qui induisait qu'en tant que juif, j'étais pour elle, nécessairement insensible à la douleur d'une mère palestinienne endeuillée par la perte de son enfant. J'avoue que je n'imaginais pas que le fossé de l'incompréhension fut si profond.

Aussi, je lui retournais sa question en ces termes : Que ressentez-vous vous-même à la vision d'un jeune enfant israélien déchiqueté dans une attaque terroriste ?

Elle tenta pour dissimuler son désarroi de m'opposer sa réserve de journaliste. J'insistai… Elle ne répondit pas à ma question. Je n'en tire aucune conclusion qui ne pourrait qu'être hâtive. Cette anecdote explique cependant bien des choses et donne la mesure du travail qu'il nous faut accomplir.

La seconde anecdote relève hélas de la vie quotidienne pour bien des juifs confrontés à l'imbécillité ambiante.

J'ai, en qualité d'Avocat, été invité par les médias à m'exprimer sur la libération de Maurice Papon.

Au nombre des lettres anonymes, qui demeurent hélas dans notre pays une sorte de sport national nous conférant une bien peu glorieuse médaille aux jeux olympiques de l'ignominie, ce pli dont je vous produis ici l'original : "Jacu, quand vous parlez de Papon, n'oubliez pas de donner le nombre de palestiniens tués par les juifs".

Ainsi donc, les juifs seraient, en quelque lieu qu'ils se trouvent, notamment en France, suspects, sinon coupables, des évènements qui se déroulent au Moyen Orient.

Alors, puisque je suis interpellé comme juif, je réponds comme juif, et je dis la chose suivante:

Les Juifs de France ont le droit de dénoncer haut et fort le procès qui est fait à Israël. N'en déplaise aux bonnes âmes qui transforment les mensonges des "faibles" en vérité et les vérités des "forts" en mensonges, assimiler Israël à un pays fasciste et Sharon à Hitler est aussi absurde qu'inacceptable.

Prétendre, comme le fait José Bové que c'est le Mossad qui aurait fait brûler des synagogues en France ou comparer Jenine à Auschwitz n'est rien d'autre qu'antisémite.

Il n'appartient pas aux Juifs de France de juger la politique du gouvernement israélien. Mais ils ont le droit et le devoir de ne pas hurler avec les loups. De rappeler que le conflit du Moyen Orient ne se résume pas à la confrontation entre de gentils palestiniens et de méchants israéliens.
Qu'avant d'exprimer des avis définitifs sur ce conflit, il est indispensable de disposer d'un minimum de connaissances historiques, géographiques et politiques et qu'il est stupéfiant de constater le degré d'ignorance des détracteurs les plus virulents d'Israël, dont les connaissances commencent généralement à la première Intifada… Inutile de leur parler par exemple du plan de partage proposé par l'ONU en 1948 et refusé par les Etats Arabes… Ils ne veulent pas savoir.

Les juifs de France, au même titre d'ailleurs que nombre de leurs concitoyens, sont révoltés que le monde civilisé puisse s'accommoder des attentats suicides perpétrés contre des civils dans les villes israéliennes.

Permettez-moi à cet égard Monsieur le Ministre, sans aucune duplicité, de citer Monsieur Eric Raoult, vice-Président UMP de l'Assemblée Nationale : "Il faut être logique avec les propos que nous avons tenus le 11 Septembre 2001 lorsque nous avons dénoncé le fanatisme et le terrorisme. Israël est le pays où il y a un 11 septembre presque tous les jours. Israël est un petit bout d'Occident et de démocratie dans une zone plutôt caractérisée par des oppositions muselées et par l'intolérance".

Quelle serait la réaction de notre gouvernement si nos concitoyens ne pouvaient pas prendre le bus sans peur d'exploser ou s'attabler à une terrasse de café sans risque d'être déchiquetés ? L'accepterait-il sans réagir Monsieur le Ministre ? A quel titre le Gouvernement israélien, quel qu'il soit, l'accepterait-il ?

Et que l'on ne vienne pas nous ressortir ce vieux serpent de mer de la double allégeance. Nous interdisons à quiconque de contester notre fidélité indéfectible à la France. Nous revendiquons le droit à la "double appartenance" de Romain Gary, à la "double fidélité" de Raymond Aron, et tout simplement au "double attachement".

Ainsi, avons-nous le droit d'être solidaires du peuple d'Israël au même titre que nos amis musulmans ont celui d'être solidaires du peuple palestinien.

Cela porte un nom : la Démocratie.

Les deux ne sont au demeurant pas incompatibles.

C'est ce que nous avons voulu prouver lors de la manifestation qui a réuni le 7 avril dernier 10 000 personnes dans les rues de Lyon.

Nous tirons, pourquoi ne pas le dire, une certaine fierté à ce que l'organisation de cette manifestation ait été critiquée par les extrémistes de tous bords.

Cette manifestation était une manifestation contre l'antisémitisme ici et pour la paix là-bas.

A l'opposé des manifestations pro-palestiniennes, nous ne voulions aucune expression de haine.

Bref, nous voulions une manifestation républicaine.

C'est pourquoi, ce fut une réussite.

Pour être plus clair encore, j'ai déclaré à l'époque, que si une manifestation était organisée pour la paix et la création d'un Etat palestinien aux côtés de l'Etat d'Israël, dont le droit à l'existence serait réaffirmé, sans autre slogan ni mot d'ordre, j'étais tout disposé à y participer.

Ces propos m'ont été reprochés. Je les réitère ce soir.

Déplorant l'attitude de l'Union européenne dans la crise du Moyen Orient, le regretté Yitzhak Rabin a un jour déclaré : "Moins les Européens se mêlent du Proche Orient, plus nous avons de chance d'arriver un jour à la paix".

L'Europe et la France ont pourtant un rôle déterminant à jouer dans la recherche de cette sacro-sainte paix juste et durable dont tout le monde parle depuis si longtemps et que l'on finira bien par trouver un jour.

Cela passe cependant par une politique équilibrée de la France sur tout ce qui touche à cette région du monde.

La France a, à cet égard, manqué une occasion lors du récent sommet de la francophonie qui s'est tenu à Beyrouth : celle d'imposer à ce sommet la présence d'Israël dont le cinquième de la population est d'origine francophone.

Voilà qui aurait constitué un geste fort. La France imposant la présence d'Israël au nom de la francophonie. Les belligérants sommés de se parler dans la langue de Voltaire…

Plutôt que cela, il nous a fallu écouter le Président Emile Lahoud condamner, non seulement la politique d'Ariel Sharon, mais l'existence même d'Israël "Etat créé pour la colonisation et la conquête…" et ce en présence du leader spirituel du Hezbolah qui lui, était convié !

Quelle erreur… quelle occasion ratée !

Que penser par ailleurs de la tiédeur des réactions de nos autorités face aux appels aux boycotts en tous genres visant l'Etat d'Israël et, par glissements subreptices, les "entreprises juives" ou réputées telles. Nos aînés se souviennent de cette même propagande des années 30 en Allemagne: "quiconque achète chez des juifs est un traître à son peuple".

Qui réagit ? Hormis, il est vrai un groupe de parlementaires hélas peu nombreux qui a demandé au Garde des Sceaux de faire respecter la loi…

Ne vous méprenez surtout pas, Monsieur le Ministre, Mesdames et Messieurs les élus, Messieurs les représentants de l'Etat et des Corps constitués, mes propos ne sont pas subversifs : ils ne sont que l'expression d'une supplique à la République émanant d'une partie de ses citoyens.

Parce qu'il est temps de retrouver les territoires perdus de la République.

Parce que le meilleur représentant des Juifs de France doit être le Président de la République lui-même.






Les mythes fondateurs de l'antisémitisme...
de Carol Iancu
" Le Juif est perfide, le Juif est démoniaque, le Juif est un usurier. De l'Antiquité à nos jours se sont perpétués nombre de mythes, de calomnies monstrueuses qui ont donné naissance à un racisme antijuif virulent : l'antisémitisme. Déjà, dans le monde égyptien, mais aussi au Moyen Age, des ignominies sont proférées à l'encontre du peuple juif... "

Un antisémitisme ordinaire. Vichy et les avocats juifs (1940-1944) de Robert Badinter



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