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info du vendredi 15 août 2014 N°
3931/25327
- FIL INFO EGYPTE -
Le massacre de Rabaa et d'autres tueries
constituent des crimes contre l'humanité : L'organisation
de défense des droits de l'homme, Human
Rights Watch (HWR), a publié
mardi 12 août 2014 un rapport de 188 pages
intitulé "Conformément au plan : Le
massacre de Rabaa et les tueries de masse de
manifestants en Egypte" (en anglais :
"All According to Plan: The Rab'a Massacre
and Mass Killings of Protesters in Egypt"), qui
indique que "les meurtres systématiques et
généralisés d'au moins 1 150 manifestants par
les forces de sécurité égyptiennes en juillet
et août 2013 constituent probablement des crimes
contre l'humanité". Human Rights Watch
avait prévu de présenter le rapport au Caire,
mais les autorités égyptiennes ont empêché la
présentation d'avoir lieu en refusant l'entrée
sur le territoire de sa délégation le dimanche
10 août 2014. Le rapport a été publié après
un an d'enquête et relate que, lors de la seule
dispersion du sit-in de la place Rabaa Al-Adawiya
le 14 août 2013, les forces de sécurité ont
agi selon un plan prévoyant plusieurs milliers
de morts, et tué au moins 817 personnes, et
probablement plus d'un millier. Le rapport
documente la manière dont la police et l'armée
égyptiennes ont méthodiquement ouvert le feu à
balles réelles au cours de six manifestations
entre le 5 juillet et le 17 août 2013 sur la
foule de manifestants qui s'opposait au
renversement par les militaires le 3 juillet 2013
de Mohamed Morsi, premier président civil
égyptien élu. Même s'il n'existe aucune preuve
de l'utilisation d'armes à feu par certains
manifestants au cours de plusieurs de ces
manifestations, Human Rights Watch n'a été en
mesure de confirmer leur recours dans quelques
rares cas, ce qui ne justifie pas les assauts
mortels totalement disproportionnés et
prémédités à l'encontre de manifestants en
très grande majorité pacifiques. Kenneth Roth,
directeur exécutif de Human Rights Watch, a
déclaré : "Il ne s'agit pas seulement d'un
recours excessif à la force ou d'un
entraînement insuffisant des forces de
sécurité. Il s'agit d'une répression violente
et planifiée au plus haut niveau du gouvernement
égyptien. Beaucoup de ces représentants de
l'Etat sont encore au pouvoir en Egypte alors
qu'ils ont bien des comptes à rendre". Le
rapport comprend l'examen détaillé de la
planification et de l'exécution de la dispersion
des manifestants place Rabaa al-Adawiya où, du 3
juillet au 14 août 2013, des dizaines de
milliers de manifestants pro-Morsi en grande
majorité pacifiques, notamment des femmes et des
enfants, ont tenu un sit-in à durée
indéterminée afin de demander la
réintégration du président déchu Mohammed
Morsi. A partir de photographies prises par
satellite lors d'une nuit de sit-in, le 2 août
2013, Human Rights Watch a estimé à environ 85
000 le nombre de manifestants place Rabaa cette
nuit-là. Le 14 août 2013, les forces de
sécurité ont pris d'assaut le campement des
manifestants de la place Rabaa par chacune de ses
entrées principales à grand renfort de
véhicules blindés de transport de troupes, de
bulldozers, de troupes au sol et de snipers. Les
forces de sécurité n'ont donné aucun réel
avertissement et ont ouvert le feu sur la foule
tout en l'encerclant pendant près de 12 heures.
Les forces ont tiré sur des installations
médicales de fortune et ont positionné des
snipers chargés de tirer sur toute personne
cherchant à entrer ou sortir de l'hôpital de
Rabaa. Vers la fin de la journée, l'estrade
centrale, l'hôpital de campagne, la mosquée
ainsi que le rez-de-chaussée de l'hôpital de
Rabaa prenaient feu, dans un incendie
probablement provoqué par les forces de
sécurité. Selon les informations de Human
Rights Watch, 817 personnes ont été tuées rien
que lors de l'évacuation de la place Rabaa.
Compte tenu des preuves solides de morts
supplémentaires réunies par les survivants et
les activistes du square de Rabaa, des autres
corps transportés directement jusqu'aux
hôpitaux et aux morgues sans comptage précis ni
identification, et des personnes toujours
portées disparues, il est vraisemblable que plus
d'un millier de personnes ont été tuées place
Rabaa. La police a placé en garde à vue plus de
800 manifestants du sit-in, dont certains ont
été battus, torturés et, dans plusieurs cas,
exécutés sommairement, comme l'ont affirmé six
témoins à Human Rights Watch. Kenneth Roth a
déclaré : "Les preuves démontrant que les
forces de sécurité ont ouvert le feu sur une
foule de manifestants dès les premières minutes
de la dispersion démentent toutes les
allégations du gouvernement affirmant qu'il a
cherché à minimiser le nombre de victimes. La
brutalité avec laquelle les forces de sécurité
ont dispersé cette manifestation est à
l'origine d'un bilan atroce que tout le monde
aurait pu prévoir et que le gouvernement avait
en effet anticipé". Human Rights Watch
précise que le gouvernement a créé une
commission d'enquête officielle pour enquêter
sur les violations des droits humains depuis le
30 juin 2013 tandis que le quasi officiel comité
national des droits humains a publié en mars
2014 un rapport indépendant stipulant que les
forces de sécurité avaient eu recours de
manière excessive à la force place Rabaa.
Néanmoins, personne n'a été officiellement
tenu responsable de ce qui s'est passé et aucune
enquête ni aucune poursuite judiciaire crédible
n'ont été engagées. Le gouvernement a refusé
de reconnaître un quelconque méfait de la part
des forces de sécurité. A la place, il a fait
repaver les rues et reconstruire les bâtiments
endommagés, a accordé des bonus aux forces de
sécurité qui avaient participé aux dispersions
et a érigé un monument en l'honneur des
policiers et militaires au centre de la place
Rabaa. Kenneth Roth s'est indigné : "Les
efforts continus du gouvernement destinés à
écraser les dissidents, à dissimuler ses
méfaits et à réécrire l'histoire ne peuvent
pas effacer ce qui s'est passé à Rabaa l'an
dernier. Compte tenu de l'échec retentissant des
autorités égyptiennes à enquêter sur ces
crimes, il est grand temps que la communauté
internationale réagisse". Human Rights
Watch demande au Conseil des droits de l'homme
des Nations Unies d'établir une commission
d'enquête internationale pour enquêter sur les
tueries de masse dont ont été victimes les
manifestants depuis le 30 juin 2013. Les
personnes impliquées devraient également être
poursuivies, notamment devant des tribunaux
appliquant le principe de la compétence
universelle. Les Etats devraient poursuivre la
suspension de leur assistance militaire et
policière à l'Egypte jusqu'à ce que le pays
adopte des mesures visant à mettre fin à ces
graves violations des droits humains. Kenneth
Roth a conclu : "L'ombre du massacre de
Rabaa continue de planer au-dessus de l'Egypte.
L'Egypte ne pourra aller de l'avant tant qu'elle
n'aura pas réglé les comptes de ce chapitre
sanglant de son Histoire". Source
: HWR. Blogger,
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d'utilisation du fil info ; Fil-info-France, quotidien
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