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info du vendredi 25 avril 2014 N°
3835/25231
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FIL INFO MEMOIRE - Discours intégral de
François Hollande pour le 99ème anniversaire du
génocide arménien : Jeudi 24 avril
2014, à Paris, François Hollande (photo),
président de la République française, a
prononcé un discours lors de la commémoration
du 99ème anniversaire du génocide arménien.
Début de citation ( discours intégral ) :
"Je suis venu ici, le 24 avril, comme
Président de la République, parce que je
voulais être présent pour cette commémoration,
celle du 99ème anniversaire du génocide
arménien. Je le fais ici, avec vous, devant
vous, Arméniens vivant en France, Français
d'origine arménienne, avec vous qui portez ce
drame dans votre vie, dans votre existence comme
une blessure toujours ouverte. Je le fais ici,
jardin d'Erevan, devant la statue de Komitas qui
est mort à Paris mais dont la vie fut à jamais
brisée en 1915. Le 24 avril, Komitas fut
arrêté avec 650 intellectuels arméniens,
arrêtés dans leur pays, arrêtés parce qu'ils
étaient Arméniens. C'était le début du
processus d'élimination. Les élites de la
communauté arménienne furent systématiquement
détruites. Les villages de l'Anatolie vidés de
leurs habitants. Les hommes, pour la plupart
fusillés. Les femmes et les enfants, déportés
à travers le désert, épuisés par une marche
sans fin, humiliés par les brimades. La plupart
n'arrivèrent jamais à destination. Mais
d'autres, d'autres, dont vous êtes les
descendants, sont venus ici en France, ont été
accueillis par la France et sont devenus
Français, sans jamais rien oublier de leurs
origines, de leur parcours et de la mémoire qui
les lie à ceux qui sont morts dans le génocide.
Un million et demi de morts. Des centaines de
milliers d'Arméniens chassés de Turquie. Cette
tragédie porte un nom, un seul nom : c'est le
génocide. Il n'y en a pas d'autre. C'est la
raison pour laquelle, la République française
l'a officiellement reconnu, par la loi du 29
janvier 2001, une loi à laquelle, à l'époque
député, j'ai pris part. Une loi qui fut
adoptée par l'ensemble des familles politiques
de la République, parce que la France, même
quand elle se divise sur d'autres sujets, se
retrouve toujours dès que les principes
fondamentaux sont en jeu. La loi de 2001 porte un
article unique - parfois les lois les plus
coutres sont celles qui signifient le plus ce que
nous voulons dire à la Nation : « La France
reconnaît publiquement le génocide arménien de
1915 ». Telle est la loi de 2001. Avant même
cette loi, le génocide arménien était dans la
mémoire de la France. D'abord, parce qu'il
était inscrit dans l'histoire familiale des 500
000 Français d'origine arménienne qui, je le
rappelle, est la troisième communauté
arménienne au monde, hors bien sûr de
l'Arménie. Mais cette cause, ce combat était
porté par tous ceux, toutes celles qui voulaient
en faire un exemple, un exemple pour les autres
peuples, un exemple pour la liberté. C'est
pourquoi, il y avait déjà de grandes voix qui
s'étaient élevées dès les premiers massacres.
Je pense à celle de JAURES, qui avait écrit, ou
plus exactement, avait prononcé à la tribune de
l'Assemblée nationale, cette phrase, qui vaut
pour le génocide arménien, comme pour d'autres
crimes contre l'humanité : «L'humanité ne peut
dormir avec dans sa cave le cadavre d'un peuple
assassiné ». C'est pourquoi la France,
obstinément, a lutté pour la reconnaissance du
génocide arménien. Chaque fois qu'il y a crime
contre l'humanité, la France, oui toute la
France, se bat pour la vérité et pour la
justice. Mesdames et Messieurs, La commémoration
d'aujourd'hui est une répétition. Parce que
nous préparons ensemble la commémoration du
centenaire du génocide en 2015. Et je vous
l'annonce ici, la France sera à vos côtés,
comme elle l'a toujours été. Comme Président
de la République française, on me demandait où
je serai en 2015, le 24 avril. Je ne serai pas
là parmi vous, je serai à Erevan pour le
centenaire. Pourquoi cette présence ? Non pas
pour faire la leçon. Non pas pour être le seul
ou le premier. Je serai à cette cérémonie
parce que nous devons continuer jusqu'au bout. Le
devoir de mémoire et donc, la reconnaissance par
le monde entier du génocide arménien. La
communauté des historiens, et je veux la saluer,
a fait son travail et continue de le faire. Nous
la soutiendrons, en particulier à travers le
Conseil international pour l'étude du génocide
des Arméniens dont j'ai accepté de présider le
comité d'honneur. Cette bataille de la
reconnaissance est menée. Elle est menée avec
respect pour le souvenir des victimes. Elle est
menée avec respect pour les vivants qui ne sont
pas responsables de ce qui s'est produit il y a
près d'un siècle. Mais, cette bataille, elle
sera menée jusqu'au bout, sans le moindre
renoncement, sans la moindre hésitation, sans le
moindre compromis. La France soutiendra toutes
les initiatives qui seront prises au niveau
européen pour lancer un programme de
sensibilisation, de pédagogie et donc
d'information, sur le génocide arménien. La
France prendra tous les messages, d'où qu'ils
viennent, qui appellent à la compréhension, à
la compassion, à la tolérance, et à la
reconnaissance des souffrances vécues par le
peuple arménien. Je m'étais engagé comme
candidat à l'élection présidentielle à
promouvoir la création d'un Centre de mémoire
et de civilisation arménien. Je sais que la
Mairie de Paris y travaille. L'Etat y prendra
toute sa part. Et je veux que tout soit mis en
uvre pour que cette institution puisse
être inaugurée l'année prochaine,
c'est-à-dire pour le centenaire. Pourquoi un
Centre de mémoire ? Pour informer, pour
diffuser, pour faire comprendre le génocide dont
les Arméniens ont été les victimes, mais pour
faire comprendre aussi que ce combat-là
s'inscrit dans celui de la reconnaissance de tous
les drames, de tous les massacres qui frappent
les peuples encore aujourd'hui. Le travail de
mémoire exige de repousser la falsification et
la manipulation car le négationnisme n'est pas
une opinion, il n'est pas une théorie, il n'est
pas une conception. Le négationnisme est un
outrage à la vérité, une insulte faite aux
victimes et à leurs descendants. C'est pourquoi
le travail sur le plan du droit doit être
poursuivi, pour que nul ne puisse impunément
nier les souffrances du peuple arménien. Chacun,
ici, connaît les difficultés et les obstacles.
Chacun, ici, se souvient de la censure par le
Conseil constitutionnel de la proposition de loi
qui avait été adoptée en 2006 par le
Parlement. J'ai donné instruction au
gouvernement de préparer un nouveau texte, mais
à une condition, c'est qu'il soit incontestable.
C'est l'intérêt de tous. Car je ne veux pas
essuyer un nouveau refus qui serait utilisé
alors par les propagandistes de la négation Je
demande donc que tout soit fait avec sérieux,
méticulosité et volonté d'aboutir. Un fait
nouveau s'est produit il ne va pas dans le
bon sens, puisqu'à la fin de l'année dernière,
la Cour européenne des droits de l'Homme a
invalidé une décision de la justice suisse dans
une affaire portée par un requérant qui avait
nié la réalité du génocide arménien. La
question que nous nous posons, ici, en France,
est donc portée au niveau européen. La Suisse a
demandé le renvoi de cette affaire devant ce
qu'on appelle la grande chambre de la Cour
européenne des droits de l'Homme. J'ai demandé
au gouvernement français d'intervenir aux
côtés de la Suisse pour donner plus de force à
la démarche et plus de chances au processus
juridique, ici, en France. Le 12 mai prochain, je
n'ai pas de secret pour vous, cela a été
révélé, j'effectuerai une visite d'Etat à
Erevan, à l'invitation du Président Serge
Sarkissian. Je réaffirmerai la volonté de la
France de construire avec l'Arménie un
partenariat particulièrement dynamique. Nous
devons multiplier les échanges parce que nous
devons soutenir toutes les initiatives sur le
plan politique, sur le plan diplomatique, sur le
plan culturel pour unir davantage nos deux pays.
L'Arménie est dans une situation difficile, mais
l'Arménie doit aussi s'ouvrir, être capable de
porter également un message de développement et
de paix. Mon dernier mot sera pour les Arméniens
qui souffrent encore de persécutions parce
qu'ils sont Arméniens. Je pense aux Arméniens
de Syrie qui connaissent un véritable
traumatisme depuis, hélas, le début de cette
guerre civile. La France ne choisit pas parmi les
victimes, ne regarde pas davantage cela plutôt
que ceci. Non, la France est particulièrement
sensible à ce qui se produit en Syrie parce que
les Arméniens, les chrétiens, les sunnites et
les alaouites font partie de l'Histoire de la
Syrie. Mais, je pense que chaque fois qu'une
communauté est attaquée parce qu'elle est une
communauté dans un pays qui a jusqu'à présent
fait vivre toutes ses identités ensemble, la
France doit être aux côtés de ceux qui sont
victimes. C'est pourquoi nous devons travailler
sans relâche pour ne pas fermer les yeux sur ce
qui se produit en Syrie. Encore aujourd'hui, nous
ne savons pas si des armes chimiques ont été
encore utilisées. Encore aujourd'hui, il se
produit des massacres et des épurations. Aucun
crime de masse ne sera impuni, en Syrie, comme
ailleurs. Mesdames et Messieurs, Je vais
conclure, d'abord pour vous remercier au nom de
la France. La France sait ce qu'elle doit aux
Arméniens. A ceux de la Résistance, à Missak MANOUCHIAN et à ses
camarades, dont j'ai une nouvelle
fois salué la mémoire au Mont Valérien. La
France sait ce qu'elle doit aux Arméniens
devenus Français qui ont reconstruit notre pays
au lendemain de la guerre par leur travail, par
leur talent. La France sait ce qu'elle doit aux
compatriotes d'origine arménienne,
entrepreneurs, ouvriers, artistes, savants, tous
ceux qui font rayonner la France mais sans rien
oublier de leurs origines arméniennes. C'est le
bel exemple, être pleinement Français, sans
jamais rien oublier du parcours qui vous a
conduit à le devenir. En évoquant le souvenir
des victimes du génocide arménien, la
République française rend hommage bien sûr à
ceux qui sont morts, mais elle salue aussi la
responsabilité des vivants. C'est-à-dire
nous-mêmes, c'est-à-dire vous-mêmes, car ce
sont les vivants qui maintenant doivent mener la
lutte : la lutte pour la liberté, pour la
vérité, pour la justice, contre la haine,
contre la violence, contre l'intolérance. Cette
cérémonie n'est pas une cérémonie qui accuse,
elle n'est pas une cérémonie qui exclut, elle
est une cérémonie qui rassemble. Il n'y a pas
deux côtés, ceux qui sont ici, et ceux qui sont
là. Il n'y a qu'un combat, qu'une lutte, qu'un
idéal qui est celui de la reconnaissance du
génocide arménien. Alors, je le souhaite de
tout mon cur que tous les esprits évoluent
parce que ce souvenir du génocide arménien
c'est défendre un idéal, c'est défendre la
paix, c'est défendre la justice et cette cause
elle vaut pour l'Arménie d'aujourd'hui, d'hier,
elle vaut aussi pour le monde tout entier. Vive
la République et vive la France." Fin de
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FIL-INFO-FRANCE, LA CITATION DU JOUR : "En
politique une absurdité n'est pas un
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