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Mardi 24 septembre 2013
Tribune des Nations Unies à New York, Etats-Unis, mardi 24
septembre 2013
Discours de Hassan Rouhani, président de la
République islamique d'Iran, à l'ONU
68ème Assemblée Générale des Nations Unies
Texte intégral - Service Fil-info-politique du quotidien international francophone
Fil-info-France
Hassan Rouhani, président de la
République islamique d'Iran, discours à
l'Assemblée générale de l'ONU, 24 septembre
2013
Grâce au nom de Dieu, le
Tout-miséricordieux, le Très-miséricordieux
Louange au Seigneur des deux mondes, paix et
bénédictions divines au grand Messager et aux
Gens de la demeure
M. le Président, M. le Secrétaire général !
Mesdames et Messieurs !
Au début, je tiens à présenter mes sincères
félicitations à l'occasion du choix de Son
Excellence à la présidence de l'Assemblée
générale de l'Onu et saluer le travail
inlassable de M. Ban Ki-moon.
M. le Président ! Notre monde est empli de
crainte et d'espoir : crainte de la guerre et des
hostilités à l'échelle régionale et
internationale ; crainte du clash meurtrier des
identités confessionnelle, ethnique et nationale
; crainte de l'institutionnalisation de la
violence et de l'extrémisme, crainte de la
pauvreté et des discriminations humiliantes,
crainte de l'anéantissement des ressources
vitales, crainte de la négligence de l'honneur
et des droits de l'homme, crainte de l'ignorance
de l'éthique.
Oui à la paix, non à la guerre
En revanche, il y a aussi de nouveaux
espoirs face à ces craintes : l'espoir en
l'accueil favorable des populations et des
élites du monde entier à la devise « oui à la
paix et non à la guerre » ; l'espoir à la
préférence du dialogue à la lutte, de la
modération à l'excès.
Un exemple manifeste est le choix perspicace de
l'espoir, de la sagesse et de la modération par
le grand peuple iranien, lors des récentes
élections, qui ont montré, à travers la
cristallisation de la démocratie religieuse et
la passation du pouvoir exécutif, que l'Iran est
le havre de la stabilité au milieu de l'océan
troublé de la région.
La foi inébranlable du gouvernement et de notre
peuple à la paix durable, à la stabilité, à
la paix, au règlement négocié des conflits et
l'appui à la vox populi en tant que base de la
puissance, la légitimité et la popularité
favorisent tous et tout une ambiance si sûre.
M. le Président, Mesdames et Messieurs !
La période hautement névralgique de transition
dans les relations internationales est jalonnée
à la fois de dangers et d'occasions inédites.
Les évaluations erronées de notre propre statu
quo et de celui des autres entraîneraient des
préjudices historiques de sorte que l'erreur
commis par un acteur aurait des impacts négatifs
pour tous.
La vulnérabilité s'est transformée en un
phénomène global.
En cette traversée ô combien sensible de
l'histoire des relations mondiales, l'ère des
jeux dont la somme est zéro, est bel et bien
révolue ; mais il y a encore de rares
protagonistes qui emploient des méthodes et des
outils désuètes et profondément inefficaces
afin de préserver leur suprématie d'antan.
Le militarisme et le recours aux moyens
militaires et violents pour dominer autrui sont
des exemples flagrants de l'inefficacité de la
pérennité des méthodes et actions surannées
dans des conditions modernes.
Généraliser les valeurs occidentales en
tant que valeurs mondiales contredit l'honneur
humain
Les mesures basées sur la force sur les
plans économique et militaire pour assurer et
pérenniser l'hégémonie et la suprématie
d'antan s'effectuent sur le fond de toute une
pléthore de cadres conceptuels dont tous sont
aux antipodes de la paix, de la sécurité, de
l'honneur de l'homme et des idéaux humains.
Parmi ces cadres conceptuels figure notamment
l'uniformisation des sociétés et la
généralisation des valeurs occidentales en tant
que les valeurs universelles.
Un autre cadre est la préservation de la culture
de la Guerre froide et le partage du monde en
deux camps de « nous les supérieurs » et de «
l'autre inférieur ».
Autre cadre conceptuel est de créer une ambiance
de phobie envers l'émergence de nouveaux acteurs
sur la scène internationale.
Dans un tel contexte, les violences
gouvernementales et non-gouvernementales,
interconfessionnelles et sectaires voire raciales
se sont exacerbées ; il n'y a aucun garant que
la période de paix entre les superpuissances ne
se laisse attraper par le piège du discours et
d'actes violents.
L'impact catastrophique des lectures extrémistes
et brutales ne devra pas être minimisé.
Le changement extrarégional des régimes
politiques est très dangereux
Ceci dit, la stratégie de violence
visant à supprimer les acteurs régionaux de
leur champ de manuvre naturel, les
politiques du contrôle, le changement des
régimes politiques depuis de l'au-delà des
frontières et des efforts qui se font pour
bouleverser les frontières politiques, sont
très dangereux et engendrent la tension.
Le discours conventionnel politique international
brosse un centre de civilisation avec des franges
non-civilisées. Dans une telle image, la
proportion de ce foyer de puissances mondiales
avec les franges est une proportion autoritaire.
La rhétorique centraliste du Nord et de
marginaliste du Sud se trouve à l'origine de
l'établissement d'une sorte de monologue au
niveau des relations internationales.
La démarcation des frontières identitaires
erronées et la xénophobie brutale ne sont que
le résultat d'un tel discours.
Les discours islamophobes et iranophobie
menacent sérieusement la stabilité mondiale
Les campagnes sans fondement contre la
religion, l'islamophobie, le chiismophobie et
l'iranophobie ne sont que de sérieuses menaces
contre la stabilité mondiale et la sécurité de
l'homme.
De tels discours propagandistes ont pris une
allure dangereuse en suggérant et avançant des
menaces fictives et imaginaires.
Une de ces menaces fictive est la menace
illusoire d'Iran. Que de démarches erronées,
que de crimes n'ont été accomplies sous
prétexte d'une telle menace sans fondement ?
Equiper Saddam Hussein d'armes chimiques et le
soutien aux talibans ne sont que des exemples de
ces crimes.
Ceux qui menacent l'Iran, sont eux-mêmes
une menace à la paix et la sécurité
A l'appui de documents fiables,
j'annonce explicitement et catégoriquement que
ceux qui menacent l'Iran, sont eux-mêmes une
menace à la paix et la sécurité
internationales. L'Iran n'est non seulement pas
une menace, mais par contre, aussi bien dans
l'acte que le verbe, il a toujours été le
héraut de la paix équitable et de la sécurité
tous azimuts.
Ce qui arrive au peuple opprimé palestinien est
une violence structurale
M. le Président, Mesdames, Messieurs !
Rares sont les régions où la violence s'est
avérée si destructrice qu'en Asie de l'ouest et
en Afrique du nord. L'intervention militaire en
Afghanistan, la guerre imposée par Saddam à
l'Iran, l'occupation du Koweït, l'action
militaire contre l'Irak, la politique violente et
répressive à l'encontre du peuple palestinien,
la liquidation des figures politiques et les
civils en Iran, les attentats à la bombe dans
différentes pays de la région dont l'Irak,
l'Afghanistan, le Liban sont toutes des exemples
de violence durant ces trois décennies dans
cette région.
Ce qui arrive au peuple opprimé palestinien
n'est que de violence structurale. La terre de
Palestine est occupée.
Les droits élémentaires des Palestiniens sont
de manière catastrophique bafoués ; ils sont
privés du droit de retour à leur maison et à
leur pays natal. Les crimes commis à l'encontre
du peuple palestinien est une violence
institutionnalisée. L'apartheid s'avère un
terme très pâle ou trop faible pour la
décrire.
La crise syrienne n'a pas d'issue
militaire
La tragédie humanitaire en Syrie est un
exemple douloureux de la propagation de violence
et d'extrémisme dans notre région.
Depuis le déclenchement de la crise, depuis que
des acteurs régionaux en acheminant des
équipements et des armes vers la Syrie et en
renforçant les groupes extrémistes, cherchent
à militariser cette crise, nous n'avons eu de
cesse d'insister sur le fait que la crise
syrienne n'avait pas d'issue militaire.
On ne peut pas cacher derrière des expressions
humaines, les objectifs stratégiques et
expansionnistes et la perturbation de
l'équilibre régionale.
L'objectif conjoint de la Communauté
internationale consiste à mettre rapidement fin
au massacre des civils innocents.
L'usage d'armes chimique interdit
La RII condamne dans les termes les plus
vifs tout usage d'armes chimiques et se réjouit
de ce que la Syrie ait adhéré à la convention
sur l'interdiction de l'emploi d'armes chimiques.
L'Iran croit que l'accès des groupes
extrémistes et des terroristes à ce genre
d'armes de destruction massive, constitue le plus
grand danger auquel risque à avoir faire face la
région.
Le recours illégal et inefficace à la menace ou
à l'emploi de la force , non plus ne saura
apaiser les violences, au contraire ils
contribuent à étendre la crise dans toute la
région. Le terrorisme et l'assassinat des
innocents sont les manifestations les plus
extrêmes de la violence et de l'extrémisme. Le
terrorisme est un fléau global, extrafrontalier.
L'utilisation des drones contre les
civils condamnés
Une autre forme de la violence et de
l'extrémisme est celle qui se déroule au nom de
la lutte contre le terrorisme. C'est une lutte
qui implique les drones qui tuent les innocents.
Il s'agit là aussi d'un acte répréhensible et
condamnable. Il convient que je revienne sur le
meurtre des savants atomistes iraniens . Pour
avoir commis quel crime ont-ils été assassinés
? et la question qui mérite d'être posée à
l'Onu et au Conseil de Sécurité est la suivante
: les auteurs de ces assassinats ont-ils été
condamnés ?
Les sanctions injustes, manifestation de la
violence et du bellicisme
Les sanctions injustes constituent elles-aussi
l'une des manifestations de la violence et qui
sont essentiellement contre la paix et
inhumaines. Ces sanctions, au contraire de la
propagande qui est celle de leurs auteurs, ne
nuisent pas aux gouvernements et à l'élite
politique mais à la population civile qui est
sacrifiée sur l'autel des querelles politiques.
N'oublions pas ces millions d'Irakiens qui ont
pâti des sanctions couvertes sous le vernis des
arguments légaux invoquées par les institutions
internationales, ces irakiens qui sont morts, ou
qui vivent toujours en souffrant mille martyrs du
fait de ces mêmes sanctions. Ces restrictions
sont brutales, violentes, qu'elles soient
intelligentes ou non intelligentes ,
unilatérales ou multilatérales .
Les sanctions nuisent à ceux qui les
décident
Les sanctions violent les droits de
l'homme, le droit à la paix, le droit au
développement, le droit à la santé, à
l'éducation et tout bonnement le droit à la
vie. Les sanctions n'aboutissent à rien d'autre
qu'à la guerre, à l'anéantissement des hommes,
quelle que soit le jeu de mot, le verbiage qui
visent à les justifier. Les flammes qu'allument
les sanctions ne consument pas seulement les
victimes mais aussi ceux qui les décident et les
imposent .
M . le Président, Mesdames, Messieurs!
La violence et l'extrémisme ont contaminé non
seulement les aspects de la vie matérielle mais
aussi ceux de la vie spirituelle des hommes et
des sociétés entières. Ils ne laissent plus
aucune place à la tolérance, à la coexistence
pacifique, des éléments indispensables au
maintien de la société humaine, la société
moderne.
L'intolérance est le plus grand défi auquel
fait face notre monde d'aujourd'hui. Il faut
cultiver la tolérance à la lumière des
pensées religieuses, des convictions culturelles
et des solutions politiques.
Le monde est excédé par la guerre, la
violence et l'extrémisme
Les sociétés humaines devront
s'orienter de l'étape de patience négative à
la coopération et la complicité.
Il ne faut pas seulement tolérer les autres, il
faut travailler avec les autres . Les populations
mondiales sont excédées par des années de
guerre, de violence et d'extrémisme et ceci (ce
genre de réunion) est une occasion inouïe. Les
peuples aspirent au changement. La RII croit
qu'il est possible de générer les défis à
l'appui d'un mélange intelligent d'espoir et de
modération. Les bellicistes et les va-t-en
guerre cherchent à tuer l'espoir.
Toute espérance se fonde sur la volonté
générale d'éradiquer la violence et
l'extrémisme, sur la volonté de changement et
celle d'opposition à toute structure imposée.
L'espoir est basé sur le prix à accorder au
choix et à la responsabilité humaine.
L'espoir est sans doute l'un des plus grands
bienfaits divins et la modération signifie une
combinaison sage et intelligente des idéaux
sublimes, des stratégies efficaces sur fond du
réel.
L'Iran est une puissance régionale
Les Iraniens ont voté dans un élan de
subtilité et de choix intelligent à la
politique de modération et d'espérance.
En politique étrangère, ceci signifie que la
RII en qualité de puissance régionale, se sent
responsable face à la sécurité régionale et
internationale et qu'elle est disposée à une
coopération multilatérale et générale avec
d'autres acteurs impliqués dans ce processus.
Il n'existe pas des solutions radicales
aux crises mondiales
Nous apportons notre pleine appui à la
paix basée sur la démocratie, et le recours aux
élections libres aussi bien en Syrie qu'à
Bahreïn et ailleurs. Et nous croyons qu'il
n'existe aucune solution extrême pour des crises
internationales et que ces crises ne peuvent
être vaincues qu'en ayant recours à la sagesse,
à l'interaction, à la modération. Ce n'est
guère à l'appui du militarisme que la paix et
la démocratie pourront être instaurés dans les
pays du monde et au Moyen Orient . L'Iran cherche
la solution aux problèmes, il ne cherchent pas
à en générer.
Il n'existe aucun problème ni crise qui ne soit
solvable grâce au respect mutuel , au refus de
la violence .
Accepter le droit nucléaire iranien, la
solution la plus simple
Je reviens sur le dossier nucléaire
iranien.
Accepter le droit naturel de l'Iran, le droit
légal et inaliénable à avoir le nucléaire
civil, ainsi que le prône le Guide Suprême de
la Révolution islamique, est la solution la plus
simple à cette crise.
Les principaux acteurs de ce dossier devront se
fixer deux objectifs, objectifs qui se posent en
deux composantes inséparables d'une solution
définitive à cette crise .
Primo : le programme nucléaire iranien comme
celui d'autres pays du monde devra avoir un
aspect exclusivement civil.
La bombe atomique n'a aucune place dans
la doctrine défensive iranienne
Je l'annonce ici et très clairement que
l'objectif principal de l'Iran et ce mis à part
les positions d'autres acteurs impliqués dans ce
dossier, n'est qu'avoir accès au nucléaire
civil.
Les armes de destruction massive n'ont aucune
place dans la doctrine défensive de l'Iran et
elles s'opposent aux fondement de notre croyance
religieuse et nos convictions éthiques. Les
intérêts nationaux iraniens exigent que nous
dissipions les inquiétudes régionales au sujet
de notre nucléaire.
Secundo : notre second objectif consiste à faire
accepter le droit iranien à l'enrichissement et
à d'autres activités nucléaires civiles et ce,
sur le sol iranien. Le savoir nucléaire iranien
est maitrisé en Iran et l'enrichissement est
désormais au stade de la production en chaine.
En ce sens, il est irréaliste et illusionniste
de croire que les pressions illégales pourront
arrêter en quoi que ce soit le programme
nucléaire iranien.
La RII insiste sur le respect de ses droits
La RII insiste donc à ce que ses droits
nucléaires soient respectés et tout en mettant
l'accent sur la nécessité d'une coopération
internationale, elle est prête à reprendre sans
tarder les pourparlers nucléaires dans
l'objectif de créer un climat de confiance et de
dissiper les malentendus réciproques. L'Iran
cherche une interaction constructive sur fond de
respect mutuel et des intérêts communs avec le
reste du monde et en ce sens il ne cherche pas à
exacerber les tensions avec les Etats-Unis
d'Amérique.
Si Washington le souhaite, il est possible de
gérer les divergences
J'ai suivi avec intérêt les propos
d'aujourd'hui du président Obama. Il est
possible de définir un cadre pour gérer les
divergences irano américaines, à condition que
les dirigeants américains en aient la volonté
politique et qu'ils se refusent à suivre les
groupes de pressions. Ce cadre devra être fondé
sur base de respect mutuel, d'égalité des
droits et des principes reconnus par le droit
international. Ceci étant dit, nous attendons
entendre une voix unique de la part de Washington
La paix est à notre portée
M. le président, Mesdames et Messieurs,
Ces dernières années, une seule voix ne cesse
de se faire entendre et qui et la suivante : «
l'option militaire est sur la table » ; mais
permettez nous de mettre en avant , contre cette
formule inefficace et illégale une autre : « La
paix est notre portée ».
Proposition à l'ONU
Au nom de la RII je propose en guise de
premier pas que le projet « le Monde contre la
violence et l'extrémisme » figure à l'ordre du
jour de l'ONU et que tous les Etats et les
institutions internationales et civiques
fournissent des efforts pour orienter le monde
dans ce sens.
Il faut réfléchir à mettre au pas « la
coalition pour une paix durable » en lieu et
place de la « coalition de guerre »
La RII convie la communauté internationale à
accepter et à franchir des pas dans le sens de
notre appel , celui d'uvrer contre la
violence et l'extrémisme pour que soit ouvert un
nouvel horizon où la paix, la tolérance, le
progrès la justice la richesse, la liberté
remplacent la guerre la violence, l'effusion du
sang, la discrimination, la pauvreté et la
dictature.
Modération est l'avenir de notre monde
Le grand poète iranien, Ferdosi dit :
« uvrez à ce que le bien gagne le monde,
à ce que le froid de l'hiver cède la place à
la douceur du printemps ». En dépit de tous les
problèmes qui existent, je suis profondément
optimiste sur l'avenir.
La solidarité internationale contre la violence
et l'extrémisme promet un avenir meilleur pour
notre monde. La modération est l'avenir de notre
monde.
Mon espoir s'enracine dans cette conviction
personnelle et cette expérience nationale
d'ailleurs partagées par toutes les religions
divines que le monde aura devant lui des
lendemains qui chantent :
Source officielle : IRIB World
Service, Radio francophone
Source : Fil-info-France édition datée du jeudi 26 septembre 2013
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