|
De notre correspondante à
Caen, Martine Labonde
Les écrivains en résidence
à la Villa La Brugère pour des travaux
d'écriture - 16 avril 2015
Copyright 2015 Martine Labonde
Un écrivain se suivent et rencontrent leur
public. C'est d'abord Christine Breton,
Conservateur honoraire du patrimoine, venue de
Marseille, avec deux livres en cours d'écriture
et une vingtaine de photos, dont l'un des deux
ouvrages est quasiment terminé. " On
travaille, on travaille, on travaille, je n'ai
pas arrêté ", lance-t-elle satisfaite de
son séjour sur la côte du Bessin. Juste le
temps de faire quelques balades sur les falaises
de Longues où les paysages l'ont enchantée.
" J'ai eu droit à une éclipse, une grosse
tempête. J'ai été bouleversée la nuit, car la
maison bouge à chaque coup de vent. Mais les
conditions de travail ici sont exceptionnelles ;
On y gagne en concentration ". Un seul
inconvénient, il n'y a pas de bibliothèque à
proximité, excepté à l'IMEC à St Germain la
Blanche-Herbe près de Caen. " J'y suis
allée, souligne Christine Breton, mais j'ai fait
un gros travail en amont ". Pour la
sélection qui l'a amenée à la Villa,
l'écrivain s'est dit " fière d'avoir été
choisie car il y a une grosse sélection. Je suis
historienne mais mon livre penche un peu vers la
fiction et le sujet est sur la guerre d'Algérie,
mêlant mes souvenirs d'enfance, ce qui les a
intéressés ".
Copyright 2015 Martine Labonde
A peine le séjour d'un écrivain est-il terminé
qu'un autre arrive. C'est Jean-Sylvain Bieth,
sculpteur-écrivain, de prendre ses quartiers de
printemps pour une semaine de travail. Plutôt
versé dans les Arts visuels, l'auteur décide il
y a un an de mettre un terme à la difficile
écriture d'une pièce de théâtre, pour écrire
sur le voyage des Artistes français en Allemagne
en 1942, cette fois sous forme de récit.
aTOTALIT2 DES au départ, c'est l'achat par le
Musée de Roubaix des oeuvres de Bouchard. "
C'était un opportuniste, explique Jean-Sylvain
Bieth. On a consacré quatre pages sur cet
artiste collabo dans l'Illustration où il
vantait le Nazisme. Professeur aux Beaux Arts et
membre de l'Institut, il a été déchu après la
Libération. Plusieurs autres voyages étaient
prévus avec d'autres congrégations : musiciens,
écrivains dont Brazillach, cinéastes...
Jean-Sylvain Bieth reconnait son échec devant
l'écriture théâtrale . " Je suis allée
en Allemagne, précise-t-il sur les traces des
artistes de l'Art dégénéré : Munich, Vienne,
Nuremberg, Dresde, Berlin, Düsseldorf et Paris.
Ils y avaient visité les Musées d'Art Nazi. Ils
sont partis à treize pendant quinze jours avec
deux policiers. Ils ont été reçus dans un luxe
inouï et ne se sont pas privés d'y aller
plusieurs fois, s'indigne l'écrivain. Parmi eux
: Paul Belmondo, 45 ans à l'époque. Je mélange
dans mon ouvrage ,des notions d'allemand mais il
n'y a pas de glossaire. Les lecteurs iront se
documenter eux mêmes. Dans le livre, il s'agit
de Bouchard, mais pas une seule fois son nom est
cité. Ce serait lui rendre hommage "
souligne l'écrivain. Des photos d'époque et
personnelles seront incluses dans le livre, et on
en revient aux Arts visuels. Le titre est :
" La contre dépouille ". C'est ce qui
reste après le démoulage d'une pièce en terre,
ce qui n'est pas utilisé par le potier ou le
céramiste.
Copyright 2015 Martine Labonde
Piètre artiste, piètre travail.
L'auteur a voulu dénoncer les rapports entre
l'Artiste et le Pouvoir. Pourquoi l'Art est-il
lié à l'idéologie ? Qui est derrière ? "
Mais finalement, conclu Jean-Sylvain Bieth, c'est
rassurant qu'un type peu recommandable fasse de
mauvaises uvres. Le but du livre est le
portrait d'un raté. Il est pitoyable et
pathétique, mais grand prix de Rome en 1931.
Aucune uvre de Bouchard n'est exposée en
France sauf à Dijon. Intéressé, le public pose
des questions : " Depuis le début j'entends
un artiste qui n'arrive pas à faire une
uvre. Comment dans le travail d'artiste se
retrouve-t-on face à un travail difficile à
réaliser ? - " J'ai mis vingt ans à
écrire ", avoue Jean-Sylvain Bieth. -
" Et ça va mieux ? " lance une
personne du public. - " Je laisse reposer.
Des fois il vaut mieux ne rien faire plutôt que
de faire une merde ". - "
Bouchard, c'est un salaud ou c'est quelqu'un qui
s'est trompé ? " - " Non, c'est un
salaud, et en plus, artistiquement, il se
revendiquait de Rodin ".
Martine Labonde
RETOUR
SOMMAIRE BASSE-NORMANDIE
RETOUR SOMMAIRE
REGIONS
Affichez librement ce logo sur votre site !
Le ruban bleu est le symbole sur le Web
de la défense de la Liberté d'expression !
Bon surf !
-
|
|